Un parcours à la frontière

Visuelle Passerelle 34
Pierre Monsan

Directeur général de Cell Easy et parrain de la 6e promotion d’étudiants ingénieurs en génie biologique de l’ESITech et du Groupe IMT, Pierre Monsan a mené sa carrière avec la même énergie et un esprit d’innovation, « à la frontière » entre le monde académique et industriel, la recherche fondamentale et l’applicatif, le professorat et la direction d’entreprise.

Pierre Monsan a de la chance : il n’a jamais eu à envoyer un CV pour trouver un job ! Leader de sa promotion en chimie biologique à l’Insa de Toulouse, il exerce comme enseignant chercheur en 1969 et commence ainsi sa carrière scientifique dans l’enzymologie. En 1981, devenir professeur lui confère plus d’autonomie et lui permet de monter son équipe de recherche. Avec une exigence qu’il maintient tout au long de son parcours : travailler en collaboration avec les industriels. « Le moyen de s’assurer de financements pour nos travaux, mais aussi de leur utilité sur le terrain ! », pointe-t-il.

Précurseur dans les biotechs

En 1984, il lance BioEurope, la première biotech française destinée à faire de la biocatalyse. « L’idée alors nouvelle était d’utiliser les enzymes pour fabriquer des substituts de sucres et créer des molécules qui stimulent le microbiote intestinal », explique-t-il. La société est rachetée par Solabia en 1993. L’occasion de revenir – pour lui — à l’université afin de monter un centre de transfert de technologies, participer à la création des sociétés BioTrade et GeniBio, et répondre à l’École des Mines de Paris, au sein de laquelle il sera professeur de biotechnologies pendant vingt-six ans. En 2009, il monte le premier accélérateur de développement des technologies industrielles, avec le soutien de l’INRAE, baptisé Toulouse White Biotechnology (TWB Biosciences & Bioproduction). Ce consortium public-privé aide à la réalisation de projets collaboratifs de rupture. Depuis sa retraite en 2019, il accompagne son ami Guillaume Costecalde, président de Cell Easy, dans l’aventure de la première société de production de cellules souches pour la biothérapie. « Nous avons élargi l’activité à l’immuno-oncologie depuis un an, indique-t-il. Nous produisons des cellules natural killers (NK) avec Emercell, située à Montpellier, et bientôt des cellules CAR-T, c’est-à-dire des lymphocytes T modifiés génétiquement pour aider les patients à lutter contre les lymphomes notamment. »

Troisième phase

Ce qui est « fascinant », selon lui, dans ce parcours « à la frontière », c’est d’avoir toujours été au cœur de l’innovation scientifique, et encore aujourd’hui alors que l’on change de paradigme en évoluant des molécules chimiques vers les biologiques (anticorps) et, maintenant, vers les cellules vivantes. « Nous sommes arrivés à une troisième phase qui consiste à soigner le patient avec ses propres cellules, génétiquement modifiées ou non, un exemple de complexité fantastique pour la bioproduction et l’avènement d’une médecine personnalisée et révolutionnaire », conclut-il.

VOTRE PLUS GRANDE SATISFACTION ?

« Recevoir l’Enzyme Engineering Award, la plus haute distinction mondiale dans le domaine de la catalyse enzymatique. En quelque sorte, mon Himalaya et un grand bonheur d’être le premier Français ainsi distingué en 2017. »

UN CONSEIL AUX ÉTUDIANTS ?

« Soyeux curieux et n’hésitez pas à prendre des risques pour trouver votre voie ! »

UN MOT SUR LE GROUPE IMT ?

Les méthodes d’enseignement, qui mêlent cours théorique et mise en pratique sur les plateaux du Bio3 Institute à Tours, correspondent exactement aux besoins de la bioproduction. C’est pourquoi nous sommes engagés ensemble dans l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir » dans les bioproductions et biothérapies, qui vise à fournir des compétences qualifiées, du technicien jusqu’au thésard, aux entreprises biotech d’Occitanie.

Article extrait du magazine Passerelles 83, pour le consulter, cliquez ici.