L’apprentissage, un modèle 100% gagnant
Dossier réalisé par Marion Baschet Vernet
L’apprentissage a le vent en poupe dans la formation. Le « learning by doing » favorise l’insertion rapide dans le monde du travail et contribue à créer un vivier de compétences pour assurer la réindustrialisation et le développement de nouveaux métiers, en particulier dans la bioproduction.
L’apprentissage, qui associe la pratique au sein de l’entreprise, est plus que jamais un maître-mot dans l’industrie pharmaceutique. Parce qu’il assure la relève en formant des spécialistes à tous les niveaux, mais aussi parce qu’il pourrait être la première clé pour répondre à la pénurie de main d’œuvre. « C’est donc une bonne nouvelle que le nombre d’alternants continue d’augmenter en 2022, révélant presque tout leur potentiel dans les industries de santé », souligne Bastien Hervé du Penhoat, responsable emploi et formation du Leem. L’année passée, 9600 alternants ont été formés au sein de la branche, ce qui représente 7,3% de l’effectif total (130 000 personnes). Sauf retournement de conjoncture, le palier des 10 000 alternants pourrait bien être atteint en 2023. La progression actuelle concerne tous les contrats, niveaux de diplômes et métiers sur la chaîne de valeur du médicament, en privilégiant l’enseignement supérieur, que les jeunes soient à l’université, en écoles de commerce ou d’ingénieurs, ou encore au sein d’organismes de formation spécialisés, comme le Groupe IMT, dans la bioproduction pour les industries cosmétiques et pharmaceutiques. Cela va dans le sens de la professionnalisation des parcours, une tendance générale à tous les secteurs, et correspond également à une évolution des mentalités.
La voie d’intégration des talents
« L’apprentissage est entré dans les pratiques de nos entreprises comme une voie d’intégration des talents depuis la réforme de 2018, qui a levé les rigidités administratives, et le déploiement d’aides massives par le gouvernement avec une prime de 6000 euros par apprenti, qui est maintenue jusqu’à la fin du quinquennat, indique Bastien Hervé du Penhoat. C’est un facteur de stabilité et de visibilité pour les entreprises, alors que les besoins en recrutement vont croissant, dans le cadre de la réindustrialisation et de l’indépendance sanitaire. » L’objectif du gouvernement est fixé à un million de contrats d’apprentissage par an d’ici 2027 avec l’enjeu – aussi – d’abaisser la courbe du chômage. Tous secteurs confondus, plus de 800 000 contrats ont été signés en 2022, dont 1,2% dans l’industrie pharmaceutique. « Le retour sur investissement est largement bénéfique puisque 95% des jeunes qui sont passés par nos filières en alternance trouvent un emploi et restent dans le secteur », confie Hervé Galtaud, directeur général du Groupe IMT, qui propose aujourd’hui dix cursus de formation ouverts à l’alternance (de niveau bac au bac +5) en contrats d’apprentissage et de professionnalisation. « L’apprentissage est aujourd’hui le bon moyen de faire se rencontrer les jeunes et les entreprises, d’avoir une immersion dans des métiers de manière progressive, et à un coût limité avec les primes, afin d’assurer la transmission des savoirs et pérenniser les compétences », ajoute-t-il.
Clé de voûte pour les nouveaux métiers
Chez Sanofi, Florence Philippoteaux, responsable de la politique jeunes et de la marque employeur en France, estime que l’apprentissage est l’une des pièces maîtresses de l’édifice de formation, et sa clé de voûte pour les nouveaux métiers. Le groupe recrute chaque année 1600 apprentis, auxquels s’ajoutent les stagiaires, contrats Cifre* et VIE*, soit un total de 2500 jeunes par an, sur un effectif de 20 000 collaborateurs en France. 2023 marque également la troisième année consécutive de la mise en œuvre de Place d’avenir, une tournée itinérante menée en partenariat avec Mozaïk RH pour attirer les jeunes des quartiers prioritaires de la politique de la ville.
« Nous recrutons de bac à bac +5 sur l’ensemble des métiers de la chaîne de valeur du médicament pour nos 28 sites implantés en France, dont 16 sites industriels dans la production et bioproduction », décrit Florence Philippoteaux. L’accent est notamment mis sur les métiers en tension dans la production et la qualité, ainsi que sur le digital. « L’alternance permet d’acquérir des compétences sur un métier et des soft skills (ndlr : savoir-être) avec l’intérêt de se constituer un vivier de compétences pour l’avenir », pointe-t-elle. En 2022, Sanofi a ainsi embauché 24% d’anciens alternants stagiaires et VIE sur l’ensemble de ses recrutements externes. Et le laboratoire continue de travailler, avec les écoles, à cartographier les compétences et les formations pour l’avenir. Les investissements du laboratoire dans les biomédicaments et les sites innovants tels que l’EVF (Evolutive Vaccine Facility), à Lyon, sont des facteurs d’attractivité.
*Cifre : Convention industrielle de formation par la recherche – VIE : Volontariat international en entreprise
Une solution à la pénurie de compétences
Loin d’être un épiphénomène, cet engouement pour l’apprentissage est aujourd’hui partagé par de nombreuses entreprises pour apporter des solutions à la pénurie de main d’œuvre qualifiée en production. Ainsi des CDMO telles que Thépenier Pharma & Cosmetics, Laboratoires Chemineau ou encore Delpharm Tours recrutent en CDD ou en CDI, en investissant dans l’alternance avec le Groupe IMT au travers de dispositifs collectifs d’embauche (POEC) financés par Pôle emploi ou la Région. « Certains gestes techniques précis, comme le mirage pour l’inspection visuelle des ampoules injectables, ne peuvent être appris que sur le terrain », souligne Gaëlle Huon de Penanster, directrice de Delpharm Tours, qui a récemment recruté quatre candidats présélectionnés par Pôle emploi sur leurs habilités, selon ce processus ciblé et à court terme : après deux semaines de découverte en entreprise, ils sont formés sur site pendant quatre semaines par le Groupe IMT aux postes d’opérateurs de production, afin d’être rapidement autonomes sur les lignes de remplissage et de conditionnement de seringues préremplies. « Au-delà,
il y a une dimension humaine, inclusive et solidaire dans ces dispositifs à valoriser pour donner une
seconde chance à des personnes parfois éloignées de l’emploi », reconnaît-elle. Autant de bonnes raisons qui assoient l’alternance comme une voie d’avenir à privilégier pour les entreprises qui veulent encourager l’emploi et favoriser la relance.
Parcours sur mesure et en accéléré pour Sanofi
« Le Groupe IMT a également l’avantage de former aux conditions réelles de production sur ses plateaux techniques », rappelle Florence Philippoteaux, responsable de la politique jeunes et de la marque employeur en France, ancienne DRH du site de Sanofi à Vitry-sur-Seine, qui a l’habitude de recruter les diplômés TSBI sur le Biolaunch, sa plateforme biotech de fabrication d’anticorps monoclonaux. Dans le cadre d’un parcours sur mesure en accéléré, le Groupe IMT a également formé plus d’une centaine de nouveaux arrivants durant 2020-2021, pour anticiper la production du vaccin contre la covid. « Ce qui incluait les habilitations spécifiques aux postes pour compléter la formation de nos tuteurs internes », précise-t-elle.
« Une véritable complémentarité entre les parcours de formation et la réalité industrielle »
« Notre ingénierie de formation s’appuie sur les besoins des entreprises et les préconisations de France Compétences, qui font la part belle à l’insertion professionnelle. Et dans sa mise en œuvre, cette ingénierie est construite de manière professionnalisante. Au moins 40% du temps de formation se déroule sur nos plateaux techniques et usines écoles avec, en parallèle, une pratique directe en entreprise des compétences visées par la certification. La complémentarité est totale entre les parcours de formation et les besoins des industriels, et c’est notre force. Une autre clé de la réussite est l’accompagnement tout au long des parcours, du choix de l’alternant au suivi sur site, au travers de l’échange constant d’information sur le planning, les cours et le livret d’apprentissage dématérialisé. Nous proposons des webinaires d’information aux tuteurs sur la pédagogie et les attendus de la formation. Résultat : nos étudiants sont rapidement opérationnels sur le terrain. Un TPCI ou TSPCI est autonome en trois à quatre mois sur certaines activités. Nos titres certifiants leur permettent également de poursuivre sur des licences, masters et diplômes d’ingénieur, avec une expérience acquise sur le terrain tout au long de leur cursus à l’IMT durant deux à quatre ans. Les apprenants se rendent aussi compte de la pertinence de l’enseignement tout au long de leur alternance. »
L’apprentissage plébiscité par les jeunes
Les étudiants alternants sont les premiers à mettre en avant les avantages
de l’apprentissage pour démarrer de belles carrières en entreprise. Témoignages.
Quel est votre parcours ?
J’ai obtenu une licence professionnelle en biologie générale, puis un master de management des bioproductions à la faculté de pharmacie de Tours, avant d’intégrer le TSBI au Groupe IMT.
Quelles sont vos missions chez Novartis ?
Je suis technicien de production DSP au service de purification des protéines. Je suis responsable des différentes étapes du procédé, de la récolte jusqu’à la chromatographie, la purification virale et la nanofiltration, avant le conditionnement. Je travaille en zone classifiée en « cinq-huit » pour assurer une production 24h/24, et donc certains week-ends, mais avec des récupérations de quatre jours, cela me va bien.
Pourquoi avoir choisi cette filière de formation ?
Au bout de cinq ans d’études, le TSBI était le meilleur choix pour m’imprégner du monde de l’entreprise (1 mois de cours / 3 mois en entreprise), en complétant mes connaissances réglementaires et dans la qualité pharmaceutique.
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
C’est un poste à fortes responsabilités qui permet d’avoir une vision sur toute la chaîne d’un biomédicament. J’apprécie également de travailler sur des segments thérapeutiques essentiels : l’antirejet de greffe, la sclérose en plaques, l’asthme sévère ou encore les maladies rares.
Quel conseil donner à un jeune qui souhaiterait choisir l’alternance ?
Ne pas hésiter et se lancer pour trouver sa vocation !
Selon vous, quels sont les atouts du Groupe IMT ?
Ma formation a été très complète, équilibrée et professionnalisante, avec des enseignants à l’écoute et disponibles. Se faire la main sur les équipements du Bio3 Institute, véritable usine école pour la bioproduction, a été un « plus » avant d’aller sur le terrain !
Que souhaitez-vous faire après votre formation ?
Je vais signer un contrat d’ingénieur DSP en septembre chez Novartis.
Quel est votre parcours ?
Après un bac scientifique, j’ai réalisé une année de PACES qui m’a ouvert les yeux sur le développement et la production pharmaceutiques. Ne souhaitant pas redoubler, je me suis orientée vers un TPCI à l’IMT d’Évry, sur les conseils d’un ami qui était passé par là, puis un TSPCI en alternance et une licence professionnelle Génie des procédés chimiques et pharmaceutiques.
Quelles sont vos missions au LFB ?
Je suis adjointe responsable support et amélioration continue. J’améliore les processus de production et les conditions de travail des techniciens en fonction de la réglementation et des règles d’hygiène et de sécurité, grâce aux outils du lean : l’optimisation et la fiabilisation des procédés, la prévention de la contamination, la résolution de problèmes…
Pourquoi avoir choisi cette filière de formation ?
J’étais très satisfaite de mes précédentes formations avec le Groupe IMT. C’est pourquoi j’ai décidé de continuer avec une licence de 12 mois nouvellement créée en septembre 2022, et qui répondait à de forts besoins dans la bioproduction.
Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?
La dimension humaine est importante. Produire des médicaments pour soigner des patients et répondre à un réel besoin me motive.
Quel conseil donner à un jeune qui souhaiterait choisir l’alternance ?
L’apprentissage est une expérience forte à mettre en avant et qui fait sens aux yeux des recruteurs. Mon alternance au LFB m’a fait l’effet d’une révélation sur la connexion qui existe entre l’école et les mises en application sur le terrain !
Selon vous, quels sont les atouts du Groupe IMT ?
Quand on est confronté à la réalité du terrain, on apprend beaucoup plus vite. L’alternance m’a convaincue à 100% !
Que souhaitez-vous faire après votre formation ?
Je continue en septembre sur un master en management de projets industriels et en excellence opérationnelle en alternance. J’aimerais devenir responsable de projet et d’amélioration continue, un poste où l’on ne s’ennuie pas !
Dossier extrait du magazine Passerelles 83, pour le consulter cliquez ici.