La force du learning by doing
Au coeur de la pédagogie développée par le Groupe IMT, le learning by doing est bien plus qu’un concept : c’est une approche immersive qui conjugue formation en conditions réelles, développement des soft skills et adaptation à l’industrie du futur. Une méthode éprouvée, et plus pertinente que jamais aujourd’hui !
©Octapharma
Dès sa création en 1980, le Groupe IMT s’est positionné comme usine-école pour former des opérateurs et techniciens immédiatement opérationnels, maîtrisant les procédés de fabrication et de conditionnement selon les bonnes pratiques pharmaceutiques et cosmétiques.
Né sous l’impulsion du Grepic*, il répondait à un besoin urgent de compétences sur les sites industriels du Centre-Val de Loire. Une mission fondatrice qui résonne pleinement aujourd’hui, dans un contexte de réindustrialisation et de l’envergure nationale prise par le Groupe IMT. « Contrairement à l’enseignement universitaire, souvent très théorique, notre objectif était de former des opérateurs et techniciens immédiatement prêts à intervenir sur le terrain », rappelle Afif Medjahed, directeur de la pédagogie.
Dès l’origine, le Groupe IMT s’est doté d’équipements semi-industriels et a développé un réseau d’usines écoles dans huit campus à ce jour, reproduisant fidèlement les conditions GMP-like d’un site pharmaceutique ou cosmétique : laboratoires qualité, flux matière et déchets, box de production… Une pédagogie 100 % terrain, portée par des formateurs issus de l’industrie, qui permet aux apprenants – en formation initiale, en apprentissage ou en contrat de professionnalisation – d’acquérir les gestes métier, les bons comportements en ZAC, la maîtrise des procédés, la prévention des contaminations, mais aussi l’agilité numérique et les réflexes de l’excellence opérationnelle.
Une réponse au plus près des besoins industriels
Le réseau propose aujourd’hui des formations du niveau CAP jusqu’aux niveaux ingénieur et Mastère spécialisé, en initial comme en continu.
Toutes sont inscrites au RNCP, organisées en blocs de compétences, et reposent sur des mises en situation professionnelle évaluant à la fois la théorie et la pratique. Les titres historiques du Groupe IMT, tels que TPCI et TSPCI, destinés à former des techniciens de fabrication et des conducteurs de procédés, restent très appréciés des partenaires industriels et sont régulièrement ajustés en fonction de leurs besoins.
« Nous délivrons également, par exemple, le diplôme de technicien de maintenance industrielle (TMI) à Dreux et à Tours, précise Afif Medjahed. Cette année encore, nous affichons un taux de réussite de 100 %, soit une vingtaine de candidats. En trois jours, ils sont évalués en mécanique, hydraulique, électricité, pneumatique, ainsi que sur leurs capacités de diagnostic et de proposition d’amélioration. »
Outre ses propres cursus, l’IMT collabore avec plusieurs établissements pour renforcer la dimension industrielle de leurs formations. À Tours, le Bachelor Responsable performance industrielle est coconstruit avec le CESI pour former aux métiers de la production, maintenance, logistique ou de l’amélioration continue dans les industries pharmaceutiques et cosmétiques. Avec le CNAM, une licence pro Génie des procédés chimiques et pharmaceutiques conduit à des fonctions d’encadrement et de supervision. Le Mastère spécialisé avec l’Itech Lyon prépare des cadres à la conception et à l’industrialisation de produits cosmétiques. Tous ces parcours intègrent des projets tutorés réalisés avec les équipements du réseau.
*Groupement régional des établissements pharmaceutiques du Centre-Val de Loire (grepic.org).
Apprendre par projet : une pédagogie résolument active
L’apprentissage par projet structure chaque parcours. De la conception de protocoles à la validation d’équipements, en passant par les tests et la rédaction de rapports, les apprenants mènent leurs projets de bout en bout, dans des conditions quasi industrielles.
À l’UTC, par exemple, les ingénieurs de 5e année développent un procédé industriel d’une nouvelle formulation à l’UTD de Tours, intégrant qualification et validation en prenant en compte le Quality by Design (QbD), une approche d’actualité dans l’industrie pharma pour l’évaluation des risques et l’amélioration continue de la qualité. Sur les plateaux techniques, les sessions d’audit BPF suivent la même logique : immersion, manipulation, maîtrise des outils terrain.
« Les futurs ingénieurs se forment à l’utilisation des capteurs en ligne (PAT) et aux outils d’analyse de données pour le pilotage en temps réel des paramètres critiques, la détection précoce des dérives et l’optimisation de la robustesse des procédés », précise Afif Medjahed. De nombreuses initiatives sont menées pour intégrer les techniques les plus modernes : lean, digitalisation, durabilité… Les projets menés sur plateaux techniques visent par exemple l’optimisation du TRS (rendement) sur une ligne de conditionnement, la mise en place de 5S en centrale de pesée, le déploiement d’un SMED sur une ligne de remplissage ou d’un système Kanban pour la gestion des matières premières ou des consommables.
« C’est aussi un levier pour relier efficacement théorie et pratique grâce à la pédagogie inversée », ajoute-til.
La formation continue en mode agile
L’approche « learning by doing » répond aussi aux besoins des salariés.
Les formations peuvent se faire directement sur site avec du matériel mobile, comme les mallettes pédagogiques Festo®, ou sur les plateaux techniques du Groupe IMT. Des sessions sur mesure sont aussi proposées chez les clients, en utilisant leurs équipements.
« Les mallettes Festo® permettent de renforcer les compétences techniques des pilotes de ligne, pour qu’ils soient plus autonomes en cas d’arrêt machine, mieux outillés pour dialoguer avec la maintenance et ainsi contribuer à la productivité », explique Joël Rancoeur, responsable des formations industrielles du Groupe IMT.
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Chez Sanofi Aramon, un CQP Biotech pour former et recruter localement
À Aramon, au cœur de la garrigue gardoise, Sanofi mise sur la formation pour répondre à ses besoins en compétences dans les biotechnologies. Depuis janvier 2025, le site propose une formation certifiante sur mesure : le CQP* Biotech – Conducteur de procédés de fabrication en biotechnologie, développé en partenariat avec le Groupe IMT. Neuf apprenants, âgés de 20 à 52 ans, aux profils variés – ex-directrice de pressing, éducateur spécialisé, préparatrice en pharmacie… – suivent ce programme en contrat de professionnalisation durant douze mois. Ils sont accompagnés dans leur intégration par Valérie Gaillardet, responsable du pôle formation. Le rythme est soutenu : une semaine de cours théoriques, puis trois semaines sur les lignes de production, en horaires postés (3×8).
©Sanofi
Objectif : une immersion totale dans les réalités du métier.
Conçue en étroite collaboration avec Lionel Biffa, responsable production chez Sanofi, et Joëlle Dumas, responsable des formations biomanufacturing du Groupe IMT, la formation s’appuie sur des cas concrets propres au site. Une semaine sur les plateaux techniques de l’IMT à Lyon complète l’apprentissage, avec des mises en situation pratique, pour une meilleure compréhension des process.
« Ce CQP traduit notre volonté de former localement et d’ouvrir nos métiers à des personnes en reconversion », souligne Delphine Govy, responsable RH chez Sanofi. Pour Lionel Biffa, l’ancrage industriel du dispositif est un atout : « Les cours sont adaptés à notre environnement et dispensés directement sur site, ce qui renforce la compréhension des enjeux terrain. »
*Certificat de qualification professionnelle
L’intérêt : « Permettre l’observation et la mise en application immédiate sur ligne. » Les stages interentreprises rencontrent également un franc succès, notamment pour revisiter les fondamentaux de la galénique, décrypter les interactions produit/machine ou apprendre à gérer les dérives (troubleshooting).
D’autres formats innovants et interactifs sont proposés : escape games (comme « À la recherche de l’écart qualité »), fresques thématiques (sur le plasma, l’asepsie…), rallyes ou encore jeux pédagogiques sur la traçabilité et l’intégrité des données.
« Ces activités renforcent l’esprit d’équipe et la résolution collective des problèmes », souligne Joëlle Dumas, responsable des formations biomanufacturing du Groupe IMT.
La réalité virtuelle vient compléter l’arsenal pédagogique – par exemple, pour simuler la manipulation d’équipements coûteux, hors ZAC, pour la formation des nouveaux embauchés.
Enfin, le Groupe IMT accompagne les entreprises à créer des parcours de formation sur mesure : promotions dédiées (comme pour le Bachelor Génie des bioprocédés pharmaceutiques, ex-TSBI), programmes d’acculturation à l’industrie pharmaceutique, montée en compétences via la VAE, ou parcours adaptés conçus avec les industriels. Cela comprend aussi la reconversion grâce à la POE (Préparation opérationnelle à l’emploi) en partenariat avec France Travail, ou des parcours personnalisés en contrat de professionnalisation avec l’OPCO 2i. « À Chartres, une POE est en cours avec Novo Nordisk pour former des personnes éloignées de l’emploi », précise Joël Rancoeur.
Les collaborateurs peuvent aussi valider des blocs de compétences tout au long de la vie, via les titres du Groupe IMT ou les CQP du Leem (pharma, biotech). Une pédagogie en perpétuelle évolution « Nous ajustons continuellement nos contenus et dispositifs pour coller aux mutations du secteur, souligne Afif Medjahed. Les opérateurs et techniciens doivent aujourd’hui aller au-delà de l’exécution : on attend d’eux de la polyvalence, de la maintenance préventive, de l’autonomie sur les équipements, y compris robotisés. »
L’intégration de la supervision des procédés avec un logiciel MES (« manufacturing execution system » ou pilotage de la production en temps réel), des technologies PAT, des outils basés sur l’intelligence artificielle, des jumeaux numériques, de la réalité virtuelle ou encore de l’optimisation de l’empreinte carbone (décarbonation), rend les plateaux techniques plus réalistes que jamais. Ces innovations permettent d’anticiper concrètement les enjeux de l’industrie 4.0, tout en rapprochant les écoles du monde industriel afin de renouveler le regard porté sur les métiers.
Les partenariats avec les équipementiers jouent aussi un rôle clé : ils permettent d’accéder à du matériel de pointe grâce à des prêts, ponctuels ou de longue durée, et à l’intervention de leurs experts dans la conception des formations et auprès des apprenants.
L’ouverture à l’international est également encouragée : via Erasmus+, les étudiants de Tours ou Dreux peuvent effectuer des stages de six mois à l’étranger. « Cela favorise l’ouverture culturelle et l’adaptabilité », note Joan Leclerc, responsable de la communication et de l’innovation digitale du Groupe IMT.
Enfin, lancée en 2021 en Normandie, une nouvelle approche sera généralisée en 2026 : l’évaluation des soft skills (compétences humaines) au travers des Open Badges. En lien avec les tuteurs et maîtres d’apprentissage en entreprise, ces badges permettront de valoriser des compétences telles que la communication, le travail en équipe ou encore l’engagement, observées directement en situation professionnelle. Neuf seront créés l’année prochaine.
« Toutes nos formations, en initial comme en continu, visent la montée en compétences par la pratique. Grâce à des plateaux standardisés sur tous nos sites, nous garantissons une qualité homogène, auditée par Qualiopi », conclut Afif Medjahed. Et les résultats sont là : « En moyenne, près de 95 % des apprenants trouvent un emploi dans les six mois après la formation. »
Prochain grand projet et investissement d’envergure : l’ouverture en 2026 d’un nouveau plateau technique à Val-de-Reuil, dédié à toutes les formes galéniques. Un outil d’apprentissage à la hauteur des enjeux industriels, au service des talents et des territoires !
Quand le virtuel devient terrain d’entraînement pour les étudiants d’ESITech
Le projet « Fil Rouge » illustre parfaitement la pédagogie du learning by doing. Chaque année, de septembre à juin, il mobilise les étudiants d’ESITech Rouen autour du réaménagement virtuel du Bio3
Institute. « Pendant un an, les étudiants se mettent
dans la peau d’un cabinet de conseil », explique Joan Leclerc, responsable communication et innovation digitale du Groupe IMT.
Leur mission : proposer un projet clé en main pour implanter la production d’un biomédicament dans les locaux.
©Groupe IMT
Les formateurs, jouant le rôle de clients, leur fournissent toute la documentation technique nécessaire. Les étudiants mettent alors en pratique les compétences acquises en formation pour concevoir l’agencement du bâtiment, les équipements et l’organisation des flux, dans le respect des normes BPF et du droit du travail. « Ils s’appuient sur un jumeau numérique qu’ils modifient au fil du projet pour l’ajuster étape par étape », précise-t-il. Le tout se termine par une soutenance, présentée comme une réunion de travail, avec démonstration de la solution et visite virtuelle.
« Grâce à la réalité virtuelle, les étudiants peuvent aussi manipuler des équipements coûteux, simuler des procédures, se tromper et recommencer – sans risque ni surcoût », conclut-il. Une approche concrète, immersive et motivante, qui rend la formation plus vivante et attrayante pour les futurs professionnels.
ENTRETIEN AVEC ANAÏS RINN, CHARGÉE DE FORMATION & DÉVELOPPEMENT RH CHEZ OCTAPHARMA
À Lingolsheim, près de Strasbourg, Octapharma mise sur la formation continue et l’apprentissage
pour renforcer les compétences de ses collaborateurs. Un engagement rendu possible grâce à
un partenariat structurant avec le Groupe IMT et une collaboration étroite entre les services RH et
les équipes de production. Rencontre avec Anaïs Rinn, chargée de formation et développement RH.
©Octapharma
« Remettre la compétence technique
et la cohésion au centre des équipes »
Comment présenter l’activité d’Octapharma à Lingolsheim et ses enjeux RH ?
Notre site est l’un des rares en France à réaliser le fractionnement du plasma, une étape clé pour produire des médicaments vitaux que les patients doivent souvent prendre à vie. Nous intervenons dans trois domaines thérapeutiques : l’immunothérapie, l’hématologie et les soins intensifs. Cette mission nous engage à garantir une production irréprochable, 24h/24, dans le respect strict des bonnes pratiques pharmaceutiques, pour des traitements à la fois sensibles, complexes et coûteux.
En trois ans, nos effectifs sont passés de 650 à plus de 800 collaborateurs, et la dynamique se poursuit avec la mise en service prochaine d’une nouvelle ligne de production d’immunoglobulines, prévue pour 2026-2027. Le défi : transmettre une culture pharmaceutique exigeante à des équipes jeunes, parfois peu familières du secteur.
Comment le partenariat avec le Groupe IMT contribue-t-il à cette ambition ?
Il y a trois ans, nous avons lancé l’Octa Summer School avec Joëlle Dumas, responsable des formations biomanufacturing du Groupe IMT, pour former nos collaborateurs pendant l’arrêt technique estival sur des blocs de compétences propres à chaque métier : fractionnement, purification et répartition aseptique.
Les modules sont ajustés, chaque année, selon les priorités : bases de microbiologie, introduction aux zones à atmosphère contrôlée (ZAC), bionettoyage, stérilisation du matériel (autoclave), gestuelle aux postes, filtration stérilisante et tests d’intégrité, ou encore assurance de stérilité via la fresque du plasma. Les deux premières années ont été consacrées à la purification et à la pesée, et cette troisième année portera sur le fractionnement.
En 2025, nous avons également proposé une session de quatre jours destinée aux techniciens de répartition aseptique qui combinait ateliers pratiques sur les équipements et e-learning pour acculturer et favoriser l’agilité des nouveaux embauchés. L’IMT intervient directement sur notre site, ce qui est un vrai plus, car nos équipes travaillent en 5×8 avec une disponibilité limitée. Ce format hybride, sur mesure, permet de remettre les fondamentaux techniques au coeur des pratiques et de renforcer l’autonomie des équipes.
Que vous apportent les talents IMTistes ?
Chaque année, nous accueillons une trentaine d’apprentis, et de nombreux stagiaires. Le Bachelor Génie des bioprocédés pharmaceutiques (ex-TSBI) du Groupe IMT est en parfaite adéquation avec nos métiers. En 2024-2025, nous avons accueilli six apprentis dont quatre ont été embauchés sur des postes de techniciens. Ces jeunes combinent une solide base scientifique avec une véritable culture terrain. Leur capacité d’adaptation, leur esprit d’initiative et leur compréhension des enjeux qualité en font des profils immédiatement opérationnels. Depuis 2023, nous avons même lancé une promotion en apprentissage dédiée à Octapharma, en lien avec l’IMT d’Évry, avec un rythme adapté à nos contraintes industrielles. Ce type de collaboration nous permet d’anticiper les besoins, de constituer un vivier et de sécuriser nos recrutements. Nous réfléchissons aussi à former des collaborateurs internes ou des demandeurs d’emploi via des CQP.
Prochaine étape ?
Nous investissons dans des outils pédagogiques innovants. Avec Anne Wagner, chargée de la formation digitale dans notre équipe RH, nous avons intégré la réalité virtuelle dans nos parcours d’intégration. Cela permet de faire visiter nos zones de production, très réglementées, de façon immersive et sans contrainte. Nous développons aussi de l’e-learning spécifique à nos besoins, comme sur la biocontamination en ZAC. L’objectif est clair : proposer une offre de formation interne sur mesure, engageante et accessible, pour accompagner la montée en compétences de nos équipes, tout en renforçant leur compréhension du « pourquoi » derrière chaque geste métier.
Chiffres clés
Le Groupe Octapharma,
40 ans d’expertise mondiale
11 000 collaborateurs (présence dans 118 pays)
7 centres R&D et 5 sites de production en Europe
+190 centres de dons de plasma en Europe et aux États-Unis
Dossier réalisé par Marion Baschet Vernet
Extrait du magazine Passerelles 89, pour consulter le numéro complet, cliquez ici.