HOMMAGE – En souvenir de Patrick Hibon de Frohen
Patrick Hibon de Frohen a dirigé le Groupe IMT pendant trente ans, de 1980 jusqu’à sa retraite en 2016, avec une interruption entre 1989 et 1994. Il nous a quittés le 6 mai dernier et, pour lui rendre hommage, nous publions son interview accordée à Passerelles en septembre 2016, qui reflète son engagement sans faille pour les industriels et nos apprenants.
Qu’est-ce qui vous donne envie de vous lever le matin ?
Patrick Hibon de Frohen : Le plaisir de croiser chaque jour le regard de ceux que nous formons et que nous plaçons dans les industries pharmaceutiques et cosmétiques. La joie de lire des témoignages d’apprenants qui sont quelque fois passés du BEP au niveau master et, après avoir trouvé un travail durable, écrivent : « Merci, vous pouvez être fiers de votre école ». C’est du bonheur. Depuis 35 ans, nous en avons totalisé 8 000 en formation diplômante, sans oublier 3 500 salariés chaque année…
En quoi la création de l’IMT était-elle innovante en 1980 ?
P. H. F. : Je rappelle le contexte : alors que nous étions déjà dans la 1re région manufacturière de France, bénéficiant de grandes implantations comme Servier, Pfizer, Synthélabo, etc., il n’existait aucune formation, ni qualifiante ni diplômante, ni dans le privé ni dans le public. Les conventions collectives dataient de 1952. En 1978, c’est la révolution avec « les pratiques de bonnes fabrications » (futures BPF). Elles vont imposer des « gros mots » comme : « qualification des équipements », « validation des process », « assurance qualité ». La pharma doit faire sa révolution technologique et les industriels du Grépic se penchent sur le sujet : il faut qu’on forme et reforme le personnel !
Avec quels résultats ?
P. H. F. : La première formation de l’IMT reconnue par l’État, le titre de technicien en pharmacie industrielle, date de 1989. En 1997, l’IMT délivrait trois titres homologués.
Quel est alors votre moteur pour développer l’IMT ?
P. H. F. : Mon moteur, c’est la vision de Philippe Maupas. À la fin des années 1970, j’ai la chance de faire ma thèse de 3e cycle à ses côtés et c’est lui qui m’envoie dans l’industrie pharmaceutique, en 1979, e me disant « Va apprendre ton métier ». Dès 1980, en parallèle de mon parcours industriel, il me confie l’École de formation au sein de l’IMT, pour développer la formation pharmaceutique qu’il juge insuffisante. De 1989 à 1994, je suis directeur de production chez Servier et quitte l’IMT. Quand j’y reviens en 1994, à la demande des industriels, l’abîme entre leurs besoins et les formations ne s’est pas comblé.
Avez-vous des mantras, des devises à partager qui ont guidé votre action ?
P. H. F. : Mon père, qui était un proviseur et un pédagogue éclairé, avait l’habitude de me dire : « Accroche ton chariot à une étoile. » Cela m’a certainement appris à oser. Mais j’aime aussi ce proverbe béninois qui dit : « Tant que la tête du clou dépasse, la tête du marteau n’est pas loin ». Autrement dit, il ne faut jamais rien lâcher !
Hommage extrait du magazine Passerelles 83, pour le consulter, cliquez ici.