Dossier : concrétiser les promesses de la bioproduction
ACCOMPAGNER, FORMER, INTÉGRER
Avec 60 % des nouveaux médicaments issus des biotechnologies, la bioproduction s’impose comme un pilier des innovations thérapeutiques de demain. Ce secteur en pleine expansion offre des carrières variées et prometteuses, tout en jouant un rôle stratégique pour renforcer la souveraineté sanitaire de la France.
Les biothérapies révolutionnent la santé en promettant de traiter des maladies incurables, notamment en oncologie et neurologie.
Ces médicaments innovants sont (bio)produits à partir de cellules ou micro-organismes vivants, selon des normes strictes de production et de qualité distinctes des procédés chimiques classiques, et favorisent une médecine personnalisée.
« Nous sommes à l’aube d’un changement de paradigme avec l’avènement des médicaments biologiques et, aujourd’hui, l’essor des cellules vivantes qui permettent la médecine régénérative », souligne Guillaume Costecalde, président de Cell Easy, spécialisée dans la production de cellules souches pour la biothérapie. Il mentionne en particulier les cellules « tueuses naturelles » (NK) qui ciblent les cellules tumorales, et les cellules CAR-T, des lymphocytes T modifiés génétiquement pour lutter contre des lymphomes. Un exemple est éloquent, selon lui, pour comprendre la dynamique à l’œuvre et la nouvelle proposition de valeur pour les patients. « Des thérapies cellulaires, comme Yescarta de Gilead, ont fait passer le taux de survie du patient au lymphome de moins de 10 % à 71 % », indique ce scientifique et industriel, installé à l’Oncopole de Toulouse, entre Evotec et Pierre Fabre, et qui a milité notamment pour l’installation du Groupe IMT en Occitanie pour former aux métiers de la bioproduction.
Un secteur dynamique et stratégique
La France, deuxième en Europe pour le développement des biothérapies, s’impose grâce à son expertise dans les vaccins, anticorps monoclonaux et thérapies cellulaire et génique. Près de 900 acteurs – start-up, big pharma et sous-traitants industriels (CDMO) – collaborent pour accélérer la mise sur le marché de ces traitements. « Le plan Innovation santé 2030, doté de 7,5 milliards d’euros, vise à réindustrialiser le territoire, faciliter l’accès aux patients et renforcer la souveraineté sanitaire, souligne Laurent Lafferrère, directeur général de France BioLead. Ces efforts sont renforcés par 4,5 milliards d’investissements privés en trois ans. »
Des projets comme l’usine Bio-S des Laboratoires Servier, près d’Orléans, illustrent cet élan. Le défi principal : former les talents indispensables pour concrétiser les ambitions. « Ce secteur stratégique offre des carrières variées et un potentiel d’innovation illimité, pointe Bastien Hervé du Penhoat, responsable emploi-formation du Leem. L’alternance est la clé pour répondre à la pénurie de compétences, des techniciens en bioproduction aux ingénieurs en bioprocédé, qui travaillent à optimiser la production et les coûts de ces biothérapies. »
Coupler l’approche industrielle et l’intelligence scientifique
Le Groupe IMT propose « des cursus calibrés pour former des techniciens et ingénieurs spécialisés en bioproduction », souligne Guillaume Costecalde, industriel engagé à ses côtés dans l’AMI « Compétences et métiers d’avenir » dans la bioproduction et les biothérapies visant à fournir des compétences qualifiées aux sociétés biotech d’Occitanie. Le point fort de ses formations est de combiner les compétences techniques et transverses, alignées avec les attentes de l’industrie 4.0.
« Nos apprenants ont une bonne prise en main des équipements et des procédés industriels, et une appétence pour la culture biopharmaceutique », présente Afif Medjahed, directeur pédagogique du Groupe IMT. Deux BTS en apprentissage sont disponibles à Tours et Évry : le BTS Biotechnologies (recherche et production), axé sur la conduite des bioprocédés, et le BTS Bioanalyses en laboratoire et contrôle (BioALC), dédié aux laboratoires de contrôle.
« En 2025, le bachelor Responsable génie des bioprocédés pharmaceutiques sera lancé, en alternance sur un an, et mettra l’accent sur les thérapies innovantes et les technologies PAT pour une supervision en temps réel des procédés », annonce-t-il. Ce cursus sera disponible à Tours, Évry, Lyon, et bientôt à Strasbourg et Toulouse. « Nous allons moderniser nos plateaux et nos équipements avec des capteurs intelligents et des logiciels de supervision pour former nos apprenants à interpréter les paramètres clés des procédés, détecter rapidement les dérives et optimiser la production », précise-t-il. En parallèle, la formation d’ingénieur en génie biologique avec l’ESITech, en apprentissage sur les plateaux techniques du Bio3 Institute à Tours, connaît un véritable succès. « Nous prévoyons d’intégrer les notions de Quality by Design (QbD), l’optimisation des procédés et la décarbonisation pour préparer des ingénieurs à piloter des projets robustes et durables », indique Afif Medjahed.
Avec des mises en situation pratiques sur équipements industriels et une couverture complète de la chaîne de valeur biologique (de la R&D à la production), le Groupe IMT est un acteur clé pour renforcer la performance et l’innovation dans les biothérapies. « Ses apprenants allient intelligence scientifique et savoir-faire industriel, une combinaison essentielle pour nos entreprises, avec la connaissance des nouvelles approches thérapeutiques innovantes », conclut Guillaume Costecalde.
La preuve du succès : 90 % des diplômés sont en poste dix mois après la fin de la formation !
Un travail d’équipe où la rigueur est essentielle
Les Laboratoires Servier ont fait monter en compétences leurs employés avec l’aide du Bio3 Institute.
La bioproduction de protéines thérapeutiques, réalisée en zone stérile, suit un processus rigoureux en plusieurs étapes : Upstream (culture cellulaire en bioréacteurs), Downstream Processing (filtration et purification par chromatographie), et enfin le Fill & Finish (remplissage aseptique d’ampoules et de seringues). « Ce cycle, qui dure environ deux mois pour un lot, mobilise des équipes expertes où la rigueur est essentielle », souligne Christophe Aussourd, directeur du développement pharmaceutique de l’unité Bio S des Laboratoires Servier située à Gidy, près d’Orléans, et dédiée à la recherche et à la bioproduction. Pour diffuser ces nouveaux savoirs et pratiques dans l’organisation, Servier a notamment fait monter en compétences ses employés avec l’aide du Bio3 Institute, l’usine-école cogérée par le Groupe IMT et l’université de Tours.
« L’apprentissage est la voie idéale pour former les jeunes aux exigences de ce secteur où l’erreur peut être lourde de conséquences », rappelle Jean-Luc Liard, DRH du Bio-S. Moderne et connectée, l’unité Bio-S s’appuie sur la gestion de dossiers de lots électroniques et l’exploitation de données en temps réel sur les équipements et les bioprocédés, pour anticiper les incidents et optimiser les paramètres de la production et environnementaux. « À l’avenir, l’intelligence artificielle jouera un rôle clé, permettant d’analyser des tendances, de détecter des signaux faibles, et de modéliser des données pour s’améliorer en continu », explique Christophe Aussourd. Ces compétences en data et IA sont désormais cruciales pour accélérer la mise sur le marché de traitements innovants contre des pathologies sévères, notamment en oncologie et neurologie.
Avec le Groupe IMT, soyez acteur de la transformation des biothérapies
Le Groupe IMT forme les talents de demain avec des cursus en apprentissage adaptés à la réalité industrielle et évolutifs, de technicien de laboratoire et en production jusqu’à ingénieur de développement industriel. Ils sont accessibles sur tout le territoire français.
BAC+2
BTS Bioanalyses en laboratoire et contrôle (BioALC)
MÉTIERS VISÉS : technicien(ne) de laboratoires d’études, d’analyses et de contrôles biochimiques et biologiques
BTS Biotechnologies en recherche et en production
MÉTIERS VISÉS : technicien(ne) en production notamment de biomédicaments, technicien(ne) en recherche et développement
BAC+3
Bachelor Responsable génie des bioprocédés pharmaceutiques (ex-TSBI)
MÉTIERS VISÉS : pilote de procédés de bioproduction, chargé de projet de qualification d’équipements et validation de procédés de bioproduction, chargé de projet de développement industriel des procédés de bioproduction, etc.
BAC+5
Ingénieur Technologies du vivant, option bioproduction, avec l’ESITech Rouen
MÉTIERS VISÉS : ingénieur(e) R&D, ingénieur(e) étude et développement, ingénieur(e) industrialisation, ingénieur(e) production, ingénieur(e) en biotechnologie, ingénieur(e) de recherche biomédicale, ingénieur(e) cosmétologue, ingénieur(e) qualité
Ingénieur Génie des procédés, filière procédés pharmaceutiques et cosmétiques, avec l’UTC Compiègne
MÉTIERS VISÉS : ingénieur(e) en développement industriel pharmaceutique
Devenir ingénieur en génie biologique, avec l’ESITech et le Groupe IMT
Cette formation connaît un fort succès depuis cinq ans. Elle répond à la demande croissante des étudiants qui aspirent à faire carrière dans la bioproduction et des industriels qui recherchent des ingénieurs spécialisés en biotechnologies, un profil très prisé.
École supérieure d’ingénieurs en technologies innovantes (ESITech) de l’université de Rouen Normandie, partenaire du Groupe INSA, forme des ingénieurs en génie biologique et en génie physique pour les métiers de la santé. En 2017, elle a lancé avec le Groupe IMT une formation en alternance axée sur la bioproduction, dont la première promotion a débuté en 2019. « Cette formation s’appuie sur une mise en situation sur les installations semi-industrielles du Bio3 Institute, une usine-école en bioproduction unique en France, où les étudiants passent sept semaines par an pour approfondir leurs connaissances dans les différents métiers (USP/DSP, répartition stérile…) », souligne Bernard Boudot, président de l’ESITech et délégué de la Fondation partenariale Philippe-Maupas, un outil d’animation et de support à l’innovation biotech en Centre-Val de Loire. « Actuellement, environ 90% de nos alternants travaillent dans la recherche, le développement de procédés, la production et le support production (assurance qualité, contrôle qualité, amélioration continue…). »
En six ans, 103 ingénieurs ont ainsi été formés en alternance – et intégrés dans une vingtaine d’entreprises, allant des start-up aux big pharma – sur des biomédicaments variés comme les vaccins, les anticorps, les dérivés du plasma sanguin et les médicaments de thérapie innovante. Avec une trentaine d’ingénieurs biologistes formés chaque année, l’ESITech prévoit d’intégrer quelques ingénieurs physiciens à sa 7e promotion d’alternants pour répondre aux besoins industriels croissants en double compétence biologie/physique. Le programme des formations évolue en fonction des attentes des entreprises, sous l’égide du conseil de perfectionnement de l’ESITech composé d’experts d’entreprises leaders en bioproduction. « Les thématiques émergentes portent notamment aujourd’hui sur l’empreinte carbone des procédés, la data science ou encore les technologies PAT de suivi en ligne des bioprocédés », indique Bernard Boudot.
Bilan à 5 ans
• 6e promotion de la formation
• 103 alternants formés sur 4 sites Groupe IMT/Bio3 Institute de Tours, IMT d’Évry (Genopole), ESITech Rouen et IUT d’Évreux
• 23 sites différents de Sanofi, GSK, Novartis, LFB, Yposkesi, Boehringer Ingelheim, l’EFS, Delpharm, Fareva, Cell Easy, Texcell, Aspen, Firalis, Euroapi, Axyntis, LEO Pharma, Virbac ont déjà accueilli des alternants.
La parole à :
Léa GAZIELLO, 100ème étudiante ingénieure en technologies du vivant à l’ESITech, en partenariat avec le Groupe IMT, en alternance ne culture cellulaire chez Boehringer Ingelheim
Léa s’est orientée vers la biotechnologie pharmaceutique après avoir tenté les concours d’écoles d’agronomie et vétérinaires.
La possibilité́ de produire des médicaments innovants en santé animale donne tout son sens à son travail.
Parcours : DUT Génie biologique, classe préparatoire aux écoles d’agronomie et vétérinaires, intégration en 3e année d’ingénieur en Technologies du vivant à l’ESITech. Qualités : adaptabilité, organisation, rigueur, patience, esprit d’équipe.
« J’ai intégré l’ESITech pour obtenir un diplôme d’ingénieur en biotechnologies appliquées à la santé, avec la volonté de travailler sur les nouveaux médicaments. En 4e année, un échange universitaire de six mois à Mexico m’a permis d’approfondir mes connaissances en biotechnologies et bioproduction, notamment sur les bioréacteurs. En 5e année, j’ai suivi une alternance avec le Groupe IMT à Tours, combinant formation théorique et pratique sur le site de l’usine-école Bio3 Institute, axée sur la bioproduction en conditions réelles, comme dans les zones à atmosphère contrôlée.
Actuellement, je suis cheffe de projet en alternance en culture cellulaire notamment au centre de R&D et de production de vaccins vétérinaires de Boehringer Ingelheim, à Lyon Porte-des-Alpes. Mon rôle consiste à améliorer les bioprocédés pour optimiser leur fiabilité et leur répétabilité. Je travaille en étroite collaboration avec l’équipe chargée des manipulations sous hotte stérile, suivant des protocoles stricts, dans un environnement exigeant où chaque jour est un défi, notamment en raison des comportements imprévisibles des cellules et des virus. Mon travail repose sur une grande précision et une concentration constante, avec la satisfaction de contribuer à la production de solutions de santé innovantes. »
EN SAVOIR +
Zoom métiers sur « Les métiers de l’industrie du médicament » (onisep.fr et leem.org)
Les outils pour aller plus loin (france-biolead.fr)
Le Guide des formations IMT(groupe-imt.com)
Dossier réalisé par Marion Baschet Vernet.
Extrait du magazine Passerelles n°87, pour le consulter cliquez ici.